Le boomerang MTA : Maximum de Temps en l’Air

Le MTA désigne à la fois le nom de l’épreuve (Maximum de Temps en l’Air, ou Maximum Time Aloft en anglais) et celui des boomerangs utilisés.

Boomerang longue durée : MTA
MTA en forme de L

Jusqu’à la fin des années 1980, cette épreuve ne remportait pas un franc succès, et le record tournait entre 20 et 30 secondes. Jusqu’à ce que Ted Bailey (USA) invente une nouvelle forme (dite de canne de hockey par les Américains, et plus simplement en forne de « L ») qui allait révolutionner l’épreuve.

Le boomerang MTA est très léger, se lance très différemment des autres boomerangs, et reste plusieurs dizaines de secondes en l’air (la plupart des boomerangs ne volent pas plus de 10 secondes).

Vous trouverez ci-dessous des conseils précieux issus de Ted Bailey lui-même (2 de ses articles traduits en français) :

Le secret des MTA de Ted Bailey

Pourquoi les boomerangs MTA de Ted Bailey en forme de mince canne de hockey marchent bien ?

Le dessous rugueux, obtenu en mouillant la surface inférieure des planches de bois pour faire ressortir le grain, combine avec un ponçage ultra-fin uniquement de la surface supérieure, provoque une turbulence de surface plus également équilibrée entre les surfaces supérieure et inférieure.

Le boomerang est tordu pour donner à chaque pale un dièdre positif :

  • la pale d’attaque est vrillée pour donner un angle d’attaque positif
  • la pale de fuite est vrillée pour donner un angle d’attaque négatif

Le résultat est un boomerang très déformé dont tout le périmètre extérieur reste au-dessus du périmètre intérieur.

La mère Nature ajuste de cette manière les poids et les torsions de ses meilleures samaras (graines d’érable) afin que le samara en rotation reste à l’intérieur d’un cône.

Al Gerhards tordait ses super boomerangs pour qu’ils restent à plat à l’intérieur de la surface d’un coquillage sphérique de 2m de diamètre fait de béton. Mes meilleurs MTA de grande taille tiennent également à plat dans cette coquille, qui ressemble à un cône d’angle peu profond.

Pour ne pas supprimer le flottement au lâcher, il faut éviter un dièdre excessif sur la pale prise pour le lancer, et opter pour une prise par pincer qui permet au boomerang de commencer sa rotation avant le lancer.

Pour atteindre une altitude maximale, l’angle d’élévation au lancer doit être d’environ 40 degrés. L’inclinaison doit être verticale ou à peine négative (c’est-à-dire à gauche de la verticale pour un droitier).

Le boomerang MTA en forme de canne de hockey se comporte au lancer comme les boomerangs classiques : on lui procure une vitesse de rotation et une vitesse de translation. Au pic de la trajectoire, l’énergie de translation est convertie en altitude et éventuellement en rotation. Ensuite, soit le MTA descend doucement si le vent est quasi nul, soit il se comporte comme un classique « autogyro » en présence de vent.

A cause des pales asymétriques, le centre de rotation est continuellement décalé du centre de gravite. Ce mécanisme pulsatoire permet au MTA d’avancer comme un voilier à environ 20 degrés à droite de la direction du vent (pour un boomerang de droitier).

En maintenant une dérive légèrement plus lente que le vent, la pale d’attaque absorbe de l’énergie supplémentaire tant que le tournoiement des pales bat contre le vent arrivant. Sous des conditions (plus qu’) idéales, avec un MTA parfaitement réglé, il est possible d’absorber plus d’énergie en provenance du vent qu’il en est dépensée à travers la traînée aérodynamique. Cette énergie est convertie en altitude (énergie potentielle) et le boomerang continue de monter très haut, jusqu’à devenir invisible.

J’ai perdu pas moins de 18 boomerangs MTA de cette façon, et je ne suis pas le seul. De nombreux lanceurs ont récemment rejoint le Club du Jet Stream avec ce type de boomerang. Si vous devez perdre un boomerang, c’est la méthode pour y parvenir.

Conseils de Ted Bailey pour régler et lancer les MTA

Cet article a été écrit par Ted Bailey en 1987 mais reste encore vrai aujourd’hui. Ted Bailey est l’un des plus grands experts en boomerang en général, et en MTA en particulier.

 Introduction

Le design du boomerang MTA est un concept relativement nouveau qui permet au lanceur d’atteindre des hauteurs de vol incroyables, à partir desquelles le boomerang établit un vol-plané stable, avec une chute très lente, ce qui maximise la durée de vol.

Ce type de boomerang nécessite une grande connaissance de la part du lanceur, qui doit savoir comment ajuster les réglages pour plusieurs conditions météo (en tordant ou en vrillant les pales).

Le tir d’un MTA est très différent de celui des autres boomerangs classiques. Une erreur de lancer peut produire une descente dangereuse et rapide, avec éventuellement de la casse à l’arrivée !

Lisez attentivement les instructions qui suivent. Mémorisez-les et gardez-les dans votre sac pour lancer. Demandez conseil aux lanceurs expérimentés si c’est possible. Les gauchers doivent prendre remplacer les images des instructions par les images miroir.

Si vous n’arrivez pas, contactez-moi. Rappelez-vous qu’il faut s’entraîner avec patience et attention : c’est ainsi que vous serez récompensé par une expérience de boomerang unique !

Comment régler un MTA

Tous les boomerangs réalisés par Ted Bailey sont déjà réglés et prêts à voler dans de bonnes conditions. Cependant, les changements météo ou le stockage peuvent vous amener à régler de nouveau votre boomerang.

Le MTA est initialement réglé avec une torsion donnant un angle d’attaque positif sur la pale d’attaque et négatif sur la pale de fuite. De plus, les deux pales ont un dièdre positif, obtenu en relevant le bout des pales. Les bords intérieurs (bord de fuite de la pale d’attaque, bord d’attaque de la pale de fuite) doivent rester en-dessous des bords extérieurs.

Suspendez le boomerang par le bout d’une pale et marquez d’un trait la pale opposée à l’endroit ou passe la verticale. En répétant cette opération avec l’autre pale, vous pouvez déterminer le centre de gravite, qui est le point d’intersection de ces lignes. Attention à ne pas vriller ou tordre le boomerang pendant cette opération. Cette section est appelée le coude.

Si vous pensez bien lancer le boomerang mais sans parvenir à réaliser des vols de longue durée, ou si vous avez des problèmes de stabilité, alors lisez la partie qui suit : elle vous aidera à faire les corrections nécessaires.

Problème : Votre boomerang monte haut, commence un beau vol-plané, puis il perd sa stabilité et tombe dans une vrille verticale.
Solution : Vous pouvez corriger ce problème en réduisant le dièdre sur chacune des pales (surtout en bout de pale), et en donnant un angle d’attaque négatif sur la pale d’attaque (ce qui aura pour effet de ralentir la vitesse de rotation). Vous pouvez tordre la pale dans le sens des aiguilles d’une montre pour réduire l’angle d’attaque, ou le rendre négatif.

Problème : Votre boomerang monte directement très haut, n’atteint jamais la stabilité, et vient s’écraser rapidement de manière instable.
Solution : Il y a trop de dièdre sur la pale d’attaque près du coude. Tordez légèrement la pale vers le bas.

Problème : Votre boomerang effectue plusieurs cercles puis retombe par un vol-plané. Ce cas arrive principalement après avoir corrige les deux fautes ci-dessus.
Solution : Vous pouvez gagner de l’altitude en ajoutant du dièdre sur la pale d’attaque, à mi-longueur de la pale (entre le coude et le bout). Vous pouvez aussi réduire l’angle d’attaque en bout de la pale d’attaque et en même temps rajouter un peu de dièdre en bout de la pale de fuite, ainsi qu’un peu plus d’angle d’attaque (positif). Attention à ne pas trop insister sur ces modifications.

Problème : Votre boomerang se penche et vole tout droit, sans entamer le moindre cercle.
Solution : L’angle d’attaque en bout de la pale de fuite est trop faible ou négatif. Donnez un angle d’attaque positif et un peu de dièdre en bout de la pale de fuite.

 Comment lancer un MTA

La règle la plus importante dont il faut se rappeler est qu’il ne faut pas incliner le boomerang MTA. Au moment ou vous lâchez le boomerang, il doit être presque perpendiculaire au sol. Les lanceurs confirmes peuvent éventuellement donner un angle négatif (a gauche de la verticale pour les droitiers) pour obtenir des meilleurs trajectoires.

La deuxième règle la plus importante est de viser à environ 40 ou 50 degrés au-dessus de l’horizontale, afin de permettre au boomerang d’atteindre une hauteur suffisante (il monte dans une spirale conique). Si l’angle d’élévation est trop faible, ou si votre inclinaison est trop forte, alors votre boomerang va se coucher trop rapidement, il va monter haut mais sans atteindre de stabilité, et retomber au sol par une chute désordonnée… Si vous élevez trop le boomerang, il va monter en pic et retomber par un vol-plané imparfait, avec des oscillations verticales.

Il est important de donner un maximum de rotation au moment du lancer. C’est pourquoi je recommande une prise par pincer entre le pouce et l’articulation de l’index. Les lanceurs qui utilisent une prise ou l’index entoure le bout de la pale ont tendance à donner involontairement une inclinaison au moment du lâcher, même s’ils protestent en disant qu’ils ont tire verticalement. [Aujourd’hui, avec l’utilisation de boomerangs MTA plus petits et plus légers, une prise par pincer est quasiment toujours utilisée, ce qui n’était pas le cas du temps ou cet article a été écrit, ou les boomerangs MTA pouvaient atteindre 5mm d’épaisseur !]

Mon expérience personnelle est que l’on peut atteindre des altitudes plus importantes en tenant le boomerang par le bout de la pale d’attaque. Ceci procure plus de puissance, puisque le centre de gravite est plus éloigné de la prise. Ceci est difficile à maîtriser pour de nombreux lanceurs, ce qui fait que la plupart ont de bien meilleurs résultats en le tenant par le bout de la pale de fuite : on obtient ainsi plus de rotation et de précision en étant proche du centre de gravite.

Comment rattraper un MTA

Faites toujours attention en rattrapant votre boomerang MTA. En effet il nécessite des bords de fuite tranchants pour des performances optimales. Les plus grands boomerangs emmagasinent une plus grande énergie, à cause de la grande vitesse de rotation et de la longueur des pales. Protégez toujours vos yeux au rattrapage. Essayez de rattraper votre boomerang près du sol pour une plus grande sécurité, et pour allonger au maximum la durée de vol.

Autres conseils utiles

Je vous conseille de commencer chaque jour avec des tirs légers. Essayez d’obtenir un vol-plané doux à faible altitude. Progressivement, rajoutez de la puissance jusqu’à atteindre la hauteur de vol désirée. Chaque jour, vous devrez re-régler finement votre boomerang, à cause du stockage ou des changements de température de l’air. Vous n’aurez en principe que des ajustements mineurs à faire. Attention si vous tordez du contre-plaque l’hiver, car le bois devient fragile et peut se casser facilement.

Essayez de supprimer les réglages d’une paire de mini MTA pour obtenir des vols de 12 à 20 secondes. Utilisez-les pour le jonglage en compétition. Vous pourrez vous entraîner toute une journée sans vous fatiguer, à moins qu’il n’y ait du vent.

Utilisez un MTA dans une paire de doubling. En général un mini MTA a une très bonne trajectoire intérieure.

Si vous n’arrivez pas à atteindre la portée nécessaire à une épreuve, vous pouvez en général l’améliorer en diminuant l’angle d’attaque du bout de la pale d’attaque.

Ayez dans votre sac un ensemble de MTA : mini, moyenne et grande taille. Essayez toutes les tailles juste avant le début de la compétition : chaque taille a ses avantages selon les jours.